Le Docteur Akira Miyawaki
Botaniste, expert en écologie végétale, spécialiste des graines et de l’étude de la naturalité des forêts, il est né le 29 janvier 1928 à Takahashi au Japon. Il est l'inventeur d'une technique de plantation, la Méthode Miyawaki.

1. Une Vie Dédiée À La Recherche Botanique
Diplômé en 1952 en biologie à l’université de Hiroshima, Akira Miyawaki poursuit ses études avec une thèse sur l’écologie végétale et les graines, notamment avec le Professeur Reinhold Tuexen à l’institut fédéral pour la cartographie de la végétation, en Allemagne. Il travaille alors sur le thème du “potentiel naturel végétal” de 1956 à 1958.
De retour au Japon, il obtint son doctorat de Science en 1961, et continua son travail en tant qu’enseignant chercheur à l’université nationale de Yokohama. Il mit en pratique ses connaissances en comparant la végétation existante et la végétation naturelle potentielle sur plus de 10 000 sites japonais aux caractéristiques différentes. Jusqu’en 1990, il cartographie la végétation de tout le Japon au travers d’inventaires botaniques et phytosociologiques*.
En résulte un ouvrage de dix volumes servant de référence au Japon, mais également dans différentes zones du monde où les caractéristiques végétales sont similaires.
*phytosociologique : c’est l’étude des associations végétales

Au travers de ses travaux, le Dr Miyawaki démontra que ces forêts indigènes japonaises devraient être composées principalement d’arbres feuillus, alors qu’elles sont souvent dominées par des résineux. Bien que ces derniers soient encore considérés comme autochtones en 1970, y compris par les botanistes japonais, ses études prouvent que les résineux furent plantés là pour produire plus rapidement du bois d’oeuvre, puis ils se sont acclimatés.
Selon ses calculs, seuls 0,06% des forêts contemporaines japonaises seraient encore indigènes.
Convaincu de l’importance de la naturalité des espaces boisés, des fonctions de la diversité et de la complémentarité des espèces, le Dr Miyawaki va proposer des plans de restauration des forêts indigènes japonaises. La philosophie étant la préservation de la forêt comme protection de l’environnement, de la ressource en eau et contre les risques naturels.

2. La Méthode Miyawaki
Il développe alors une méthode de génie écologique, connue aujourd’hui sous le nom de “Méthode Miyawaki” et l’applique sur plus de 1300 sites au Japon.
Il crée une “banque de graines” d’essences d’arbres indigènes avec plus de 10 millions de graines recensées, récupérées pour la plupart dans d’anciennes forêts, notamment celles auprès d’anciens temples et cimetières japonais. En effet, la croyance traditionnelle du “Chinju-no-mori” (鎮守の森 : bois qui protège et apaise) confère un côté mystique à ces forêts, ce qui a favorisé leur sanctuarisation.

C’est au début des années 1970 que le Dr Miyawaki met en pratique sa méthode avec la proposition de la Nippon Steel Corporation de reforester les alentours d’une aciérie. La méthode fut ensuite utilisée sur tous les sites de la compagnie.
Face aux succès des premières plantations, la méthode fut utilisée sur plus de 1300 sites au Japon.
A partir des années 90, le botaniste appliqua son procédé d’étude et de plantation en zone tropicale, notamment en Malaisie et au Cambodge, pour la restauration de forêts tropicales humides très dégradées.
Il estime les forêts primaires essentielles à la survie de l’humanité et il a démontré la possibilité de restaurer rapidement celles-ci. Ces premières plantations montrent qu’il faut 20 à 30 ans pour parvenir à un résultat similaire en zone tempérée, et entre 40 et 50 ans pour une forêt quasi native en zone tropicale.

3. Une Méthode D'agriculture Trop Peu Reconnue
Le Dr Miyawaki reçut de nombreux prix, dont le prix 2006 “Blue Planet”, les seules critiques émises étant l’esthétique des forêts lors des premières années et le coût important de la première phase (pépinière, travail du sol et plantation très dense)
Malgré le nombre d’expériences réussies et les 30 millions d’arbres plantés, la méthode Miyawaki est très peu connue dans le monde occidental de la sylviculture. Et ce n’est malheureusement pas étonnant… car nous parlons ici de restauration de forêts primaires, par définition sans coupe d’arbre, et non de projets économiques de gestion forestière. La vision mercantile des sociétés modernes préfère financer l’industrialisation de la forêt, la sylviculture intensive, promouvoir la “gestion forestière durable”… qui n’a de réalité qu’une déforestation massive des forêts primaires.*
*Expression utilisé dans le projet d’exploitation forestière du Bassin du Congo, financé par la France et l’UE : 20 millions d’hectares de forêts primaires disparues en 30 ans, on se serait trompé sur la notion de régénération naturelle…
Alors imaginez-vous, faire des projets pour la restauration de l’environnement sans rendement économique ni financier, mais enfin quel est l’intérêt ?!?
Merci Dr Miyawaki.